La Chronique scandaleuse ou Paris ridicule

La Chronique scandaleuse ou Paris ridicule de Cl. LE PETIT. - Cologne, P.de la Place, 1668, pet.in-12, 47 p. Edition originale de ce poème qui est très remarquable et très intéressant. On pense qu'elle fut imprimée à Amsterdam par D.Elzevier. Elle est très rare. "Le Paris ridicule" a dit M.P.Lacroix, était, comme l'auteur le disait lui-même, une pièce du temps de ses anciennes folies; on peut donc supposer avec certitude qu'elle avait été écrite vers l'année 1655 ou 1656 ...Elle reproduit avec beaucoup de vérité (en faisant la part de l'hyperbole) la physionomie physique et morale de Paris avant 1660. Il y a dans ce poème, entaché de négligence et d'incorrections, une verve , une énergie, une couleur qu'on ne trouve que chez les poètes de l'école de Saint-Amant. C'est Saint-Amand que Claude Le Petit a voulu imiter, en opposant son Paris ridicule à la Rome ridicule de son maître... Mais Claude Le Petit est allé plus loin que Saint-Amant, et l'on doit même supposer que les passages les plus hardis de son ouvrage furent supprimés ou adoucis dans les impressions qui ont été faites après sa mort ...Je ne pouvais mieux faire, on le comprend , que de reproduire ici ces quelques lignes du célèbre et regretté Bibliophile Jacob. Cette citation, que j'ai été, contre mon gré, obligé d'écourter, est extraite de la préface du volume publié par ses soins en 1859 sous le titre de Paris ridicule et burlesque au dix-septième siècle; Claude Le Petit fut, dans son temps, un pamphlétaire acharné; son impiété et ses penchants au libertinage lui valurent une fin cruelle et terrible. Il était fils d'un tailleur de Paris. Boileau a dit au deuxième chant de l'Art poétique : Toutefois n'allez pas goguenard dangereux, Faire Dieu le sujet d'un badinage affreux; A la fin tous ces jeux que l'athéisme élève Conduisent tristement le plaisant à la Grève. "Quelques années avant la publication de ce poème (l'Art poétique), dit Brossette dans son commentaire, un jeune homme fort bien fait, nommé Petit, fut surpris faisant imprimer des chansons impies et libertines de sa façon. On lui fit son procès et il fut condamné à être pendu et brûlé nonobstant de puissantes sollicitations qu'on fit agir en sa faveur.ll était né en 1638; son supplice eut lieu en 1662. Je n'entrerai ici dans aucun détail sur les pièces "impies" qui valurent à leur auteur un châtiment si terrible. Ceux qui en voudront connaître les titres plus que licencieux les trouveront avec des particularités très étendues sur la biographie de Cl. Le Petit et sur la bibliographie de ses œuvres dans les ouvrages suivants : 1° La Préface déjà citée du Bibliophile Jacob et placée en tête de son volume. 2° Claude Le Petit, sa fin tragique en place de Grève à Paris, et ses ouvrages, par Edouard Tricotel. - Paris, J.Techener, 1863, in-8, 19 p. 3° Manuel du libraire de Brunet, t.III, col.991-92, et dans le Supplément, t.I, col.836-837. 4° Dans le Bulletin du Bibliophile, de Téchener, année 1862, p.1165 se trouve aussi une note courte et intéressante rédigée par M.Paul Lacroix à l'occasion d'une édition de 1671. Je ne veux point énumérer ici toutes les éditions du Paris ridicule : la seule à consulter - je ne parle pas pour les collectionneurs - est celle du Bibliophile Jacob, c'est la plus complète, puisqu'elle reproduit les variantes de toutes les éditions anciennes. Cependant je crois devoir donner la description des éditions qui se trouvent à la Bibliothèque Carnavalet dans les numéros 47 à 52.